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vendredi 28 octobre 2011

Bloody Mary (Valandré)

Un test de la catégorie :Sacs de couchage et matelas
Bloody Mary (Valandré)
Dès la réception du duvet, je dois dire que ma première démarche a été de comprendre pourquoi on avait affublé ce beau matériel du nom de Bloody Mary. Je me suis rapproché aussitôt du constructeur dont voici la réponse: Le Bloody Mary est de la couleur du cocktail du même nom, mais insinue un côté "sanglant" parce qu'il va faire des ravages chez les concurrents, du moins nous l'espérons. Donc plus qu’un duvet, ce serait le nouvel archétype de Valandré, qui le présente comme son cheval de bataille! … Alors voyons voir si le matos en question va faire des ravages…

Les données fabricant

Garnissage : duvet d’oie grise européen collecté “manuellement”, 95%, FP > 800, 570 g / 612 g / 656 g. 2 collerettes garnies de duvet.
Construction : cloisonnement en compartiments individuels en parois inclinés (pas de pont thermique froid), 16 compartiments individuels pré-coupés en arches + 2 collerettes, coupe anatomique et différentielle.
Tissu extérieur : polyamide de haute qualité traité déperlant.
Tissu intérieur : polyamide antistatique, renforts au points sensibles.
Particularités: jumelable en 215, capuche préformée, livré avec 2 collerettes d’épaules anti-froid de forme “tridimensionnelle”, toutes deux garnies de duvet mais de différente charge, la collerette “Marie-Antoinette” à utiliser pour une isolation maximale, la seconde est moins garnie et s’utilise quand le temps est plus clément, utilisation sans collerette également possible lorsque les températures se radoucissent.
L’isolation des pieds est excellente, grâce à une construction trapézoïdale du fond du sac.
Housse de compression + housse de stockage.

La vidéo - Materiel outdoor


Le test

Les tests

Ce duvet a été testé sur plusieurs années

- En bivouac sous tente légère au sommet du Cousson, dans les Alpes de Haute Provence, après une montée en raquette de 1000m de dénivelé avec un sac de 15 kg.

- En raid sur les crêtes de la montagne de Lure, par un mistral prononcé, et des températures touchant les -4°C en pleine journée et -10°C la nuit

- Sur plusieurs sorties en haute montagne, notamment lors de l'ascension de la Meije avec bivouac à 3600m.

- Au camping d'Ailefroide durant plusieurs séjours d'escalade, lors de bivouac dans le Mercantour.

- Au bivouac en ski de rando durant l'hiver 2013, au bivouac encore avant la goulotte Boivin au Dôme des Ecrins.

Un duvet hight tech

Effectivement, dès les premiers contacts, on sent tout de suite que l’on a du matériel de qualité. Créé sur la base du Shocking Blue, il possède 16 compartiments tous remplis au gramme près. La forme anatomique, la qualité des tissus, le gonflant du duvet, sincèrement ça en jette !. Je n’ai pas résisté au plaisir de l’essayer tout de suite. Et là c’est un bonheur de soyeux et de légèreté. Un vrai petit bijou !

La légèreté a comme toujours un charme fou. D’accord, pour certains c’est du luxe, mais un luxe que l’on pense sérieusement à s’offrir quand on part pour de longues étapes, ou pour des courses engagées, ou bien encore quand on a l’âge de ses lombaires…

Qu’il est facile de le mettre dans un sac et de partir ! Le Bloody Mary, c’est 7/8 litres en taille M. Idem pour le poids, le fabricant annonce 1150g (taille M). J’ai pesé une taille L sur ma balance de cuisine, résultat : 1280g tout compris. Pour du -8°C annoncé, c’est plus que respectable !

Thermicité - confort

Le tout est de voir si les 600g de duvet d’oie de première qualité suffisent pour contrer des conditions de bivouac hivernal. Premier test sans problème sur le plateau sommital du Cousson (1500m), en janvier 2009, il faut dire que la nuit a été moins froide que prévue, des températures sous tente ne dépassant pas les -4°C.Après une montée de 1000mètres, et l’installation du bivouac dans la neige, la douceur du Bloody Mary est un vrai réconfort. Les pieds se réchauffent vite dans leur compartiment trapézoïdal. Plus que de la chaleur, on bénéficie d’une chaleur « douce », c’est le gonflant du duvet d’oie qui parle. L’important est de s’assurer d’une bonne isolation au sol. Le duvet est performant mais il est fin, donc très compressible d’où un contact avec le sol particulièrement néfaste si l’on ne bénéficie pas d’une isolation suffisante.

Ce duvet permet une liberté de mouvement satisfaisante, on peut facilement y disposer les appareils à protéger du froid, et il suit assez bien les mouvements du corps lorsque l’on se retourne. Tout cela fait partie du confort.

Lors des tests suivants, sur les crêtes de la montagne de Lure, la partie a été un peu plus difficile avec des températures de -8 /-10°C dans des abris de pierre dont certains étaient mal isolés du vent. Pour profiter pleinement de la chaleur du duvet, j’ai posé mon matelas mousse sur mon sac à dos vide ainsi que ma doudoune sous les jambes.

Là j’ai pu apprécier les qualités thermiques du Bloody Mary. Pour moi cela a été très confortable jusqu’à -6°C (thermomètre posé à côté), ensuite, un bonnet, un bon collant et une petite polaire enfilés en cours de nuit m’ont permis de rehausser le confort et d’aborder sans stress les -8°C annoncés par le fabricant. Pour la fin de la nuit, j’ai finalement ajouté une couche supplémentaire (j’ai toujours froid au lever du jour).

Rappelons que la résistance au froid dépend aussi de notre constitution personnelle, de notre état de fatigue, et de stress. Le vent fait partie des paramètres de sensibilisation au froid. J’ai trouvé que le tissu extérieur a bien coupé les quelques coups de vent essuyés. Bref, mission thermique accomplie mais un peu habillé tout de même. A noter, l’efficacité et le confort du bourrelet intérieur (duveté) et rabat anti-froid le long du zip.

 

                                          Bivouac du glacier carré après la voie Pierre Allain

 

Collerette et réglages 

Les réglages de la capuche sont très au point et agréables à manipuler. Rien à dire, c’est impeccable, on ajuste facilement l’ouverture pour respirer. La capuche est bien adaptée.

La volonté du Bloody Mary est d’être polyvalent. C’est pourquoi il est livré avec deux collerettes qui se dézipent, une contenant 24g de duvet et une petite de 12g, qui se trouve dans une poche intérieure.

On peut donc choisir: grosse collerette, collerette fine, pas de collerette du tout.

La grosse collerette s’appelle « Marie Antoinette »… elle descend sur le cou et l’enveloppe confortablement. Pas de réglage par cordon, donc pas de sensation désagréable autour du cou. Elle se fixe à gauche et à droite de la tête avec 2 scratch de chaque coté. Ca marche mais il faut un petit temps d’adaptation pour trouver le bon geste. Au bout de la deuxième nuit ce geste devient automatique, il faut dire que vous aurez à le faire quelques fois : dès que l’on veut sortir un bras du duvet, la collerette se déscratche et il faut la remettre en place. Certains se plaindront que ce système, si il est plus confortable que le lacet, va accrocher les vêtements en laine ou en synthétique… rien n’est parfait, mais ici c’est le confort avant tout !

Un sac de compression dépassé

Au chapitre des désillusions : le sac de compression est sous dimensionné et, à mon avis, « mal fichu », il rend la compression fastidieuse et on ne peut le fermer complètement de peur qu’il ne se déchire. Le résultat donne une forme peu homogène qui nuit à la compacité de l’ensemble et donc au bon remplissage du sac à dos.

Bloody Mary vs La Fayette

On ne peut s’empêcher de le comparer à son cousin le « Lafayette » qui en son temps était déjà synonyme de révolution, et qui présente des performances poids / températures à peu près identiques. Le Lafayette est plutôt taillé « duvet d’expé très léger » privilégiant la performance au confort. On n’y retrouve pas la liberté de mouvement dont jouit le Bloody Mary. Ce dernier vous emmènera moins haut certes, mais tout en confort et en polyvalence.

 

Bilan : Un duvet très technique, très confortable et très polyvalent grâce à son système de collerettes amovibles et son zip qui descend très bas. Un compagnon idéal pour les randonnées engagées, et l’alpinisme 3 saisons grâce à son faible volume, sa légèreté et ses performances encourageantes.

Reste le prix, de 380 à 435 euros selon la taille… le prix de la high tech.

 

Suivi des tests

Mi novembre 2015. Bivouac à la dure sur la tête de Lapras (2580m) dans le Dévoluy. Le tandem BM + sursac A Guru (vent de 40km/h) se révèle surdimensionné, sur un bon matelas. J'ai eu trop chaud avec deux couches, et encore en sous vêtement. J'ai viré la collerette. Après plusieurs années d'utilisation, le gonflant est toujours au top (voir photo ci-dessus).

Les qualités

  • qualité du duvet qui donne un gonflant et une compression exceptionnels
  • confort et qualités thermiques
  • bon rapport poids/performances
  • polyvalence
  • qualité des réglages et des matériaux utilisés

à améliorer

  • sac de compression d'un autre âge
  • sensibilité au vent et à l'humidité, sursac nécessaire si bivouac sans tente
  • le système de collerettes amovibles s'avère peu utilisé dans les faits en ce qui me concerne