Le test
Déballé du carton, il y a une surprise. La Sportiva inclut une "additional tongue" qui, contrairement à ce que son nom indique
n'est pas une semelle supplémentaire mais une deuxième languette qui se fixe grâce à des velcros sur la languette et dont l'intérêt est de deux ordres: ajuster le chaussant pour des pieds un peu fins et améliorer la thermicité de la chaussure pour une utilisation en altitude.
Poids: sur ma balance 931 grammes la chaussure en 42 1/2 avec semelle intérieure et lacets. Evidemment on est sur une chaussure de la gamme Népal, c'est à dire haute et dimensionnée. Ce ne sont plus des chaussures légères du type Trango (200 gr de moins). La languette additionnelle quant à elle pèse 28 grammes.
Je dirais qu'elle chausse juste. On peut tenter de prendre 1/2 pointure de moins que sa taille pour être très précis, ou au contraire 1/2 pointure de plus pour l'utiliser avec une semelle intérieur plus dimensionnée et une grosse paire de chaussette.
Par exemple pour une pointure 43, prenez un 43 ou un 42,5 si vous voulez être très précis en pointe, ou 43.5 pour être à l'aise. Et je dirais qu'elle convient aux pieds moyens, son chaussant est "Medium", et l'adjonction de la languette supplémentaire permet d'ajuster tout ça..
Les tests
Les tests ont été effectués sur une grosse saison. En Treks d'altitude avec des passages d'alpinisme: traversée de pentes de neige dure en crampons, remontée de couloir, descente en neige chaude. En pleine saison, dans des zones très sèches avec des arêtes en mauvais terrains, zones d'éboulis instables et traversée de longs pierriers. Des sorties avec bivouacs à la dure ou avec tente pour tester la chaussure au réveil. Egalement en zone de Montagne plus basse mais dans des terrains très sauvages où la chaussure était un peu surdimensionnée thermiquement mais très à l'aise dans les terrains scabreux.
Exemple: en solo sur un parcours trek alpi en début de saison dans le Mercantour. Après une magnifique montée en terrain varié pour le Col Guilié, j'évolue dans un univers très minéral, idéal pour tester des népal trek: gros blocs de granite, névés en neige chaude pour la descente avec une succession de traversées, descentes et montées. Le lendemain je me frotte à des pentes de neige dure, sans crampon, pour accéder à des cols et je fais quelques longueurs sur les arêtes rocheuses.
Je retrouve la sensation de maintien et de confort de la Népal trek, mais avec un peu moins de moelleux au niveau de la cheville. Le néoprène semble avoir remplacé le cuir, ce n'est pas un défaut, mais ça change... Ce qui est très agréable pour une chaussure de ce gabarit c'est qu'elle se chausse très facilement, un vrai bonheur!. Au départ, j'ai eu la sensation d'un amorti plutôt dur, comme si il n'y avait aucune semelle intérieure, mais au final après 3000 m de D+ et D-, je n'ai aucune douleur particulière, et ça va même mieux qu'avant la sortie, signe que l'amorti est bien fonctionnel. Du reste un examen attentif de la chaussure (voir ci-dessus) montre un amorti talon bien présent.
Sur cette longue sortie très significative par la nature des terrains rencontrés, je trouve les Népal Trek Evo faciles d'utilisation et sécurisantes par leur maintien du pied, leur rigidité adaptée aux exigences de l'alpinisme "facile", et leur confort.
La chaussure s'est déjà un peu assouplie durant cette virée, il faut dire qu'elle montre au prime abord une rigidité affirmée, mais ce n'est pas le bloc semelle des Népal Top, ou des Népal cube. La Nepal trek Evo va trouver un compromis pour une bonne technicité avec un déroulé de pied confortable pour le trek. Au niveau de la thermicité, j'ai une première impression sur les pentes de neige dure au petit matin. Cela me semble dans la norme d'une chaussure de ce type, avec des petites chaussettes d'été. Sur une autre sortie avec un bivouac sous tente à 2700m par -5°C, les chaussures laissées sous l'abside auront du mal à se réchauffer le lendemain. C'est une chaussure avec une certaine densité de matière donc elle sera froide plus longtemps. Dans ce genre d'exercice, il faut penser à les mettre dans la tente et les couvrir ou les boucher avec un vêtement.
En revanche, sur une autre sortie de deux jours, sur un parcours estival de crêtes à 2500m, la Népal Trek Evo s'est révélée assez nettement surdimensionnée thermiquement dès que j'étais à l'abri du vent. Ce n'était pas trop désagréable, mais cela m'a montré que cette chaussure était davantage conçue pour la haute altitude en été, et sera plus à l'aise à la mi-saison voir en hiver. Pour ce genre de parcours estival, sa cousine la Trango Trek, plus légère et plus ventilée, sera nettement plus indiquée.
Nous avons d'ailleurs pu faire une comparaison entre les deux modèles Trek de la gamme Népal et de la gamme Trango. Avec ses 300 grammes de plus, la Népal est évidemment plus dimensionnée, plus thermique, plus enveloppante. Elle est également plus rigide. La Trango offre une liberté de cheville et un maintien intéressant tout en légèreté. C'est deux modèles sont assez complémentaires. J'essayerai de faire une vidéo là dessus dès que possible...
Cranponnable en semi-auto, la Nepal Trek Evo a toutes les qualités pour les pentes de neige raides, disons à l'aise jusqu'à 50° selon les conditions. Avec sa thermicité et son maintient on peut bastonner en pointes avant et dérouler... Le haut de la cheville étant en néoprène, les positions de pied sont faciles, même les plus tordues.
Au niveau Thermicité, mes tests ont montré que celle ci devrait être conséquente et la chaussure pourrait être utilisée en hiver, voir en altitude jusqu'à 6000, selon les conditions, avec une semelle isolante, et à condition de la garder dans la tente le plus au chaud possible, car elle sera dure à réchauffer le matin par -10°C; c'est l'avantage des coques pour ce genre d'expédition, où l'on garde les chaussons dans le sac de couchage.
Fin d'ascension en rocher avec un sac de bivouac dans les Alpes du Sud
ET alors, par rapport à la Népal Trek?C'est pour moi la même philosophie, avec un chaussant enveloppant, une tige avec 3 mm de cuir et une dimension thermique identique. Je retrouve le même plaisir en les chaussant avec un pied qui glisse facilement dans les "coques" et une cheville bien maintenue. J'aime la sécurité que cela procure sur les fins de parcours quand les muscles et les articulations sont fatigués, et que l'on peut "s'appuyer" sur cette grosse construction et s'économiser. C'est assez rare de trouver maintenant des modèles aussi enveloppants.
Au niveau de la rigidité, je passe d'une vielle paire de Népal Trek à une Trek Evo neuve et au début ç'est plus raide. Maintenant le fabricant indique une structure moins rigide que sur le modèle précédant, donc il y a lieu de penser que l'ensemble va s'assouplir. Néanmoins, cette rigidité (relative) ne dois pas inquiéter; c'est un point appréciable pour ce genre de modèle, capable de tenir sans trop d'efforts sur des pentes de neige du niveau des 45°.
Avec 931 grammes la chaussure on est à 1862 gr la paire, c'est un poil moins lourd que le précédent modèle que j'avais pesé à 1900g en 44. Au niveau des sensations, je les trouve vraiment légères pour une structure aussi importante.
Et le bénéfice du nouveau modèle, c'était attendu, c'est l'imperméabilité que procure la membrane GTX. Dans mes sorties, j'ai brassé dans de la neige lourde, et c'est précisément là que la Népal Trek était "à la rue". Avec ce nouveau modèle les problèmes sont oubliés et la chaussure devient complète et vraiment opérationnelle pour les longs treks sur plusieurs jours, sans l'angoisse d'avoir à chausser des pompes mouillées.
Et pour finir, le Prix...La Sportiva c'est une marque référence c'est sûr. Et chez eux les prix ont toujours été haut de gamme...
Si, sur le site du fabricant on voit un prix de vente à 399€, on trouvera les Nepal Trek Evo aux alentours des 350€ et parfois moins.
A ce prix là il faut qu'elles durent 10 ans au moins... comme mes Népal Trek qui en avaient encore à donner sans ce décollement de semelle...