Le test
Par rapport aux Bionnassay 700, la fabrication a changé, et l'offre concerne 3 skis différents:
- XLD 500 RT: Un modèle à 80 mm sous le pied, 50% piste, 50% rando, le ski idéal pour découvrir la pratique en station de ski dans les itinéraires balisés par les stations, un segment que nous appellerons Resort Touring
- RT 500: Un modèle à 80 mm sous le pied, 50% piste, 50% rando. En gros c'est le même que le précédent avec des fixations low tech
- MT 500: Un modèle à 85 mm sous le pied, 30% piste, 70% rando, orienté montagne, un ski pour tous types de neige pour un segment Mountain Touring. Fixations low teck
Ces packs (skis/fixations/peaux) seront disponibles à la vente en 2018/2019, à partir de septembre au prix de 430€ pour le XLD500RT, 500€ pour le RT500, et 600€ pour le MT 500.
Description du MT 500 Wedze:- Les planches sont assez stylées (134/84/116). Elles sont en bois et fibres, et pesées à 1645 grammes par le fabricant (je n'ai pas la possibilité de les peser sans les fixations).
- Les fixations (low tech) sont appelées "tour light", ce sont des speed turn classiques dégriffées, montées avec une plaque de réglage qui permet d'adapter la fixation à un maximum de tailles de chaussures. Je note que la grande cale de montée n'a pas de tampon en caoutchouc pour amortir le contact avec la semelle de la chaussure (contrairement aux speed turn 2.0 griffées Dynafit).
- Les peaux sont des Silvretta, 70% Mohair 30% synthétiques.
Les tests
J'ai testé le modèle MT 500 sur la fin de saison 2017/18. Les tests ont eu lieu dans le Dévoluy, dans le sud du massif des Ecrins, et dans les Préalpes de Digne, en avril et mai 2018.
Dans l'ensemble la neige était déjà assez dense et souvent lourde. Je n'ai pas eu de neige froide et légère à gérer, bien que certains passages en face nord étaient assez agréables. Les tests se sont déroulés sur des sorties à la journée et également en autonomie sur des parcours sauvages avec plusieurs dépeautages et repeautages. Les skis ont également dormi dehors en altitude avant d'être utilisés le lendemain à l'aube.
Tracer en terrain sauvage avec le MT 500 sur le versant nord des trois Evéchés
Bilan des tests
- Poids fixations/planches: sur ma balance, avec ses 4070grammes la paire en 170 cm, je vois que le MT 500 est nettement plus lourd que le Bionnassay 700. Le poids ici indiqué est évidemment avec les fixations, et sans les peaux. C'est conforme à ce qu'annonce le fabricant, mais ce n'est pas spécialement motivant comme performance.
- Les planches: Avec ses lignes de côte 134/84/116 c'est un ski (encore) plus généreux que le Bionnassay 700, dont il semble s'inspirer. Avec une bonne portance en profonde, la flottaison est bonne tant que la neige ne devient pas trop lourde. L'arrière bouge facilement dans les virages en pente raide. J'ai eu de bonnes sensations avec ce ski sur l'ensemble de mes tests, mais il se révèle assez lourdaud pour la montée et son poids total est un poil démotivant pour les parcours de plusieurs jours.
- Les fixations: j'ai déjà effectué et rédigé un
test avec une vidéo sur ces fixations. C'est un modèle simple et léger, et qui, lors de mes essais a occasionné quelques déchaussages intempestifs à la montée, ce que j'ai trouvé un peu inquiétant pour les pentes prononcées. Le plus angoissant a été le pivotement de la fixation arrière en montée, qui est venue quelquefois se mettre en position "descente" et emprisonner le pied. J'ai trouvé ça inquiétant et dangereux à l'approche d'une conversion dans une pente raide et gelée... Cela m'est arrivé 3 fois (quand même), sur deux jours d'ascension du sommet du massif des Trois Evéchés dans le 04; heureusement pas dans l'ascension des pentes les plus dures, mais cela fait réfléchir.
>> C'est pourquoi j'ai demandé au vieux campeur de me réserver une
cale anti-rotation fournie par Dynafit. A l'origine ce doit être une pièce de la "Radical"qui s'adapte parfaitement sur la Speed turn 2.0. Il faut démonter la fixation arrière (4 vis torx) et placer la cale sous la fix (il y a un sens) et remonter en insérant une colle souple dans les trous ou sur les vis (j'ai utilisé du silicone). Le revissage ne doit pas se faire à la visseuse mais à la main pour ne pas aller trop loin et foirer la vis. Evidemment, dans l'utilisation, il faut prendre en compte cette cale qui induit un sens où la rotation devient impossible...
Je dois dire aussi que ce modèle de fixation a ses inconditionnels et que de nombreux utilisateurs de la Spedd turn 2.0 la jugent fiable, même si ils reconnaissent qu'elle tourne parfois. En fait, il me semble que la majorité des utilisateurs de cette fix ont bien fait l'expérience d'une chaussure bloquée en mode descente durant une montée, mais assez peu d'entre eux jugent cela véritablement pénalisant. En ce qui me concerne, et comme décrit plus haut, je trouve que c'est un vrai souci; d'où la cale...
- Les peaux: Ces Sivretta 70% Mohair 30% synthétiques m'ont fait plutôt bonne impression lors des tests spécifiques que je leur ait infligé: une accroche sans problème face à la pente en neige de regel, une dépose et repose assez facile, bien que le pack ne comprenne pas de filet, bien utile pour ces opérations. Le test le plus représentatif ont été les 3 repeautages successifs lors d'un parcours sauvage; RAS, le ski essuyé rapidement au chiffon, la peau recolle facilement. Il faut dire que l'on était en avril avec des températures plus que clémentes. La colle utilisée a l'air de bonne qualité; le décollage n'est pas trop violent et ça tient en deuxième et troisième utilisation en journée. La fixation des peaux à l'arrière du ski est à régler avec soin: j'ai eu quelques décrochages en cours de montée. Il faut trouver le bon compromis entre un serrage efficace et une "facilité" de déblocage pour dépeauter. Certains trouvent à ces fixations plus d'inconvénients que d'avantages, ce n'est pas mon cas. Je pense qu'en températures vraiment froides, surtout en début de saison, ce système de fixation arrière est une bonne assurance contre le décollement des peaux.
Polyvalence; ski de rando /ski de piste piste: Si le poids du MT 500 n'est pas sa principale qualité, en ski de piste, cela ne se sentira pas. Les planches sont faciles à manoeuvrer dans quasi toutes les circonstances. Les passages en profonde, en bord de piste, seront toujours un plaisir grâce à ses lignes de cotes, et les fixations n'occasionnent pas de problèmes une fois en position descente.
Au final, ce pack est une opportunité pour découvrir le ski de rando. A 600€ (prix communiqué par la marque pour son lancement) on a un ensemble opérationnel pour évoluer dans des univers très variés, et parfois avec le plaisir d'un ski facile. En ajoutant le prix d'une bonne chaussure, que l'on gardera de nombreuses années, on arrive à équipement complet pour 1000€. C'est un objectif difficile à atteindre sans passer par ce pack. Dans ce registre, je regrette que le fabricant, dans son deal avec Dynafit, n'ait pas inclus des couteaux, éléments essentiels d'un pack de ski de rando.
Ce qui me gène le plus ce sont les mauvais tours que m'ont parfois joué les fixations à la montée. Si ce n'est pas méchant (mais désopilant) pour des ascensions pas trop raides, je ne me sentais pas de m'engager dans des montées engagées (35° et +) avec ces fixations. J'espère que la récente adjonction des cales fournies par Dynafit règlera le problème. Le poids est le deuxième défaut de ce pack, mais on s'y fait...