Le test
Un chaussant plutôt étroit pour pieds fins. Le chaussant est plutôt étroit, et j'aurais tendance à dire que ce n'est pas malheureux car les tenants historiques des chaussures à pieds fins (La Sportiva, Asolo & co) font maintenant dans le pied moyen voir étonnamment large vis à vis de ce qui était leur spécificité. La trek 700 vient donc à la rencontre des pieds fins, qui gagneront en précision, et en confort avec ce modèle. Ce n'est pas trop étroit non plus, il y a encore assez de place devant pour que les orteils soient plus qu'à l'aise. C'est pourquoi je parle dans ma vidéo d'un chaussant "médium/étroit".
La semelle intérieure est plutôt "cheap", un peu feutrée sur le dessous, pour gagner en résistance thermique. Elle sera vite marquée par une utilisation en gros dénivelés, et on devra penser à la changer assez rapidement. Il est intéressant d'en tenir compte dès le moment du choix d'acquisition de la chaussure, pour choisir une taille qui prenne en compte l'épaisseur de semelle que l'on choisira; une semelle amortissante pour l'été et une thermique et isolante pour l'hiver.
A noter, une sangle scratchée vient parfaire le serrage des lacets sur le coup de pied (voir fin de la vidéo). C'est un élément qui a peut être un apport sur la rigidité, et donc sur la technicité de la chaussure. Cette sangle ne m'a pas gêné, ni dans mes sorties en neige, ni dans les bois. Elle ne rend pas le laçage compliqué. C'est cependant un élément de plus à nettoyer si l'on va dans la boue. Dans l'ensemble, je me demande si c'est vraiment un plus. La sangle n'empêche pas la Trek 700 de se plier quand on pousse sur la pointe en rocher. Il faudrait pouvoir comparer avec la même chaussure sans cette sangle. Serait-elle moins technique?
Les tests
Sommet en neige soufflée. Fin novembre 2017 - 2700m Ubaye italienne
Qui peut le plus peut le moins... La Forclaz Trek 700 a été testée en hiver et de façon soutenue. En montagne avec des raquettes, jusqu'à 2700m d'altitude, et plusieurs sommets de 2500m. Dans le nord du massif central, en moyenne montagne, par temps maussade, pluvieux et venteux avec jusqu'à 40 cm de neige lourde, et beaucoup de gadoue au mois de janvier.
Au fil des principaux tests
Test raquettes - 2 jours en rando hivernale d'altitude, sur le versant italien des Alpes du Sud. Des conditions déjà sévères avec des alternances d'accumulations de neiges diverses et de zones soufflées en altitude. Des températures négatives avec du vent le premier jour, pour du -5° ressenties. Pas de vent le deuxième jour mais un parcours à l'ombre le matin et plus technique avec des traversées délicates et des pentes soutenues à remonter en neige profonde.
Test en forêt - 800/1200m d'altitude par températures de 0 à 2°C - neige lourde 25cmLa trek 700 utilisée dans la neige et certains passages boueux n'a pas bronché. Elle est restée étanche et confortable. Je l'ai trempé, une à deux minutes, dans un petit cours d'eau sans remontée d'humidité. La thermicité correcte et moyenne se confirme; ce n'est pas une chaussure particulièrement chaude, mais elle permet une utilisation hivernale classique avec de bonnes chaussettes.
Pour des travaux forestiers, de dégagement d'une piste à la tronçonneuse, j'utilise les Trek 700 qui passent plus de 2 heures dans l'eau et la boue, par températures de 3 à 5°C. C'est aussi dur à supporter que de marcher à 2300m par -5°C... Résultats très corrects au déchaussage; les pieds sont frais mais restent au sec.
Test en rando hivernale en raquette - 2 jours- sommet 2400m. Un parcours assez engagé vu les conditions de neige. Personne dans la montagne. Beaucoup de recherche d'itinéraire avec des traversées et une ascension soutenue dans des conditions difficiles et très variées: sous bois dégarnis de neige, profonde dans des combes, ravins à franchir, torrents à traverser... J'ajoute une heure de dégagement des 2 mètres de neige recouvrant la cabane où nous voulions dormir, par des températures de -5/-7°C, le tout sans gros problème thermique. Si j'ai eu parfois froid au pied, ils se sont bien réchauffés dans l'action. Je n'avais pas prévu de chaussettes vraiment chaudes, mais des
Forclaz 900 warm, que je qualifierais de "moyennes", et j'avais gardé les semelles d'origine, que l'on peut encore remplacer par des plus thermiques. Au final la chaussure s'est bien comporté. Du -5°C géré somme toute assez facilement et qui augure du -10°C avec une bonne isolation au niveau de la semelle et/ou des chaussettes - bilan correct. En fin de parcours, après avoir enlevé les raquettes pour la fin du GR6, je retrouve une chaussure assez précise, confortable et bien armée pour la neige. Seul point d'interrogation: je ne sais pas exactement à quoi sert le velcro sur le système de laçage. Ce n'est pas qu'il gène, mais quelle est son utilité?
Bilan des tests
Confort: Sur les premières longueurs, on peut ressentir un frottement au talon. Dans mon cas ça n'a pas duré, la chaussure s'est assouplie après les 20 premières minutes de marche. Ensuite, tout rentre dans l'ordre et le confort est au rendez vous. C'est particulièrement important en raquettes où les positions de pied sont soumises à quelques exigences. Je remarque dès la fin de la première journée que la semelle intérieure est déjà bien marquée. Elle est nettement insuffisante pour des randos soutenues. C'est habituel chez la plupart des fabricants. On trouvera facilement dans le commerce des semelles amortissantes.
Au niveau du confort, et malgré un intérieur en polyester, je suis bien dans ces chaussures. Après plusieurs mois de tests, je trouve la chaussure confortable. Sans avoir un maintient extraordinaire, elle est assez précise. J'ai assez de place devant sans qu'il y ait de flottement et la sensation générale du pied est agréable. La semelle Vibram est bien dimensionnée et donne confiance, c'est aussi du confort...
La cheville est assez libre, mais pas complètement, ce qui me plait.
J'ai trouvé l'amorti général de bonne facture. Mes tests s'étant essentiellement déroulés en terrain gras ou dans la neige, c'est un point qu'il conviendrait de vérifier à la descente en été.
Thermicité: c'est correct sans être génial. La Forclaz Trek 700 n'est pas une chaussure chaude à proprement parler, mais assez dimensionnée pour être polyvalente été/hiver, si on sait l'utiliser. En novembre 2017, par -5°C en altitude, j'ai eu à peine froid le premier jour avec les semelles intérieures d'origine et des chaussettes moyennement chaudes. Enfilées froides au petit matin du deuxième jour (de -5° à 0°C au bivouac), mais avec de meilleures chaussettes, j'ai été à l'aise et en bénéficiant d'un confort supplémentaire grâce aux bouclettes. La Trek 700 peut à mon avis tout à fait convenir pour des randonnées hivernales sérieuses avec de bonnes chaussettes et de bonnes semelles intérieures. J'aurais tendance à dire que sa thermicité est comparables à celle des standards de sa catégorie: à l'aise de 0 à -5°C selon la frilosité du randonneur, et possible jusqu'à -10° mini EN MOUVEMENT. Pour un randonneur plutôt frileux (comme moi) je vois les -5° comme une limite confort avec l'équipement d'origine et des chaussettes moyennes. J'irai aux -10°C en mouvement avec un équipement supérieur, mais sans plus.
Etanchéité: Une dizaine de sorties en neige et gadoue n'ont pas eu raison de la membrane. Une grosse satisfaction pour une chaussure de 130€ qui m'a donné entière satisfaction dans ce registre. Avec des guêtres en altitude, ou avec une toile de pantalon en moyenne montagne, la Trek 700 a bien joué son rôle protecteur contre l'humidité des sous bois gorgés d'eau, des ruisseaux, la neige lourde, la neige d'altitude et la boue. Située entre la mousse et le cuir extérieur, cette membrane "outdry" évite l'alourdissement de la chaussure.
Rigidité/technicité: Bien que la Trek 700 n'ait pas la vocation d'une grimpeuse, je l'ai rapidement testée sur du rocher. La semelle tient bien mais la chaussure se plie au centre, c'est la souplesse d'une chaussure de rando/trek qui sera défaillante à la longue si l'on pense grimper avec... Par contre le l'ai trouvée très bien en descente d'un petit couloir de neige. Assez rigide pour frapper en pointe et tenir dans la pente. Pour des parcours de peu d'envergure avec des pentes ne dépassant pas le 40°, elle pourra convenir à mon avis avec des crampons lanières (pas de débord arrière sur ces chaussures). Sa polyvalence est donc à saluer car c'est une chaussure qui permet d'envisager des sommets d'altitude en été, des randos hivernales et quelques pentes. Bref: une vraie bonne chaussure de trek sans aller trop loin en altitude et en demande de rigidité.
Suivi des tests: le modèle femme acheté au printemps 2019 en solde à 70€ se révèle superbe en tenue de pied et sa rigidité affirmée en fait une vraie bonne chaussure de montagne. Nous avons remplacé les semelles de propreté par des semelles amortissantes. Quelques ambiances "alpinisme" ont été aisément abordées: sommet en neige avec arête en neige soufflée, etc. La thermicité et la technicité sont de bonne facture. De très belles qualités pour une chaussure à un prix sacrifié (prix tarif 130€, mais souvent soldée).
Sur le modèle homme acheté fin 2017, une immersion malencontreuse au travers de la glace d'un chemin des bois noirs a permis de réaliser un test non volontaire de la membrane, presque 3 ans après. La membrane est superbe car le pied est resté au sec. heureusement car l'ambiance était plutôt fraîche et sans une protection efficace, il aurait fallu rentrer dare dare.