Le test
Quel changement par rapport à l'ancien modèle Triolet Pro ?
C'est essentiellement le bloc semelle qui a évolué, et de nouveaux matériaux viennent composer l'amorti talon qui devrai être plus durable. Le nouveau modèle gagne aussi un peu en légèreté. La cheville a été retravaillée pour apporter plus de souplesse et favoriser la flexion. Le serrage des lacets est donné pour être plus précis. Avec la Triolet GTX, on garde toutes les spécificités qui ont fait le succès du modèle précédant Triolet Pro: un chaussant efficace avec le confort du cuir. L’asymétrie est la même ainsi que le chaussant (pieds larges)
La nouvelle Triolet donne l'impression d'une chaussure moderne, assez technique, confortable et légère. Sur ma balance: 1900g la paire en grande taille (46) semelles intérieur incluses. Les données fabricant sont de 1660 g en 42.
Chaussant: tout comme la Triolet Pro, la Triolet GTX est une chaussure pour pieds larges.
Pointure: disons une taille de plus que votre pointure de ville. Un essai est toujours préférable, surtout si l'on compte utiliser des semelles spécifiques.
Les tests
Les tests du nouveau modèle Triolet GTX ont eu lieux en terrains variés dans les Alpes du sud et les Ecrins, du mois de mai au mois de décembre 2016.
Différentes conditions de neige et d'altitude ont été expérimentées: neiges de printemps béton et neige chaude très profonde. Sommets de 2600, 2900, 3000 et 3600m ; Rando/alpinisme hivernale avec couloir et grosses chaussettes, alpinisme mixte (PD+), course de neige (PD)...
Les premières sensations ont été ressenties sur la variante nord de la Tête de l'Estrop: montée en refuge (3h00), le lendemain pentes faciles puis 40° en neige et mixte de face nord pour terminer. Longue descente.
> Lors de cette première expérience avec les Triolet, le testeur a apprécié la rigidité. Confortable dans le raide, mais assez souple pour un déroulé pas trop brutal sur les parties marchantes. Malgré le confort général, une ampoule est apparut au retour dans la longue descente du 2° jour. Observée sur le talon une heure avant d'arriver à la voiture, l'ampoule était petite et il faut dire que le testeur y est habitué avec différentes chaussures lorsqu'elles sont neuves.
Les autres sorties n'ont plus occasionné d'ampoules. Le cuir s'est donc vite assoupli, à moins que ce ne soit le testeur qui se soit habitué à ces nouvelles chaussures.
Parmi les courses d'alpinisme, une sortie de fin de printemps particulièrement pénible nous a permis de jauger la chaussure dans une bataille d'altitude (D+ 2000m avec 1300m de neige en mauvaises conditions): Malgré la bataille dans la neige profonde et le dénivelé conséquent, La Triolet ne fait plus d'ampoule au pied du testeur, le confort est au rendez-vous à l'aller et au retour. La technicité a été appréciée dans des passages de neige > 40°. Le confort thermique a été impeccable, ce qui n'a pas été vrai pour tout le monde à plus de 3000m à l'ombre.
Un bon confort général: C'est une chaussure que nous avons trouvé confortable, même dans les parties d'approche. Et ce pour trois raisons: 1- le déroulé est assez naturel et la chaussure reste confortable sur les longues approches. 2 -leur poids est raisonnable. Personnellement j'irais même jusqu'à dire qu'elles sont légères, si je les compare aux grosses d'il y a encore 15 ans. Avec leurs 1660g en 42, elles correspondent aux standards actuels, ce qui est très bien. 3 - la respirabilité est bonne, c'est particulièrement important pour l'altitude inférieure à 2000m.
Etanchéité : Malgré des conditions difficiles, pas de problème relevé dans la descente de la face sud des Rouies dans une neige pourrie. Les seules infiltrations se sont faites par l'intrusion de neige chaude par le haut de la guêtre. Les autres sorties ont été plus faciles et moins révélatrices dans cette problématique.
Respirabilité: La respirabilité a été jugée correcte en conditions estivales et également en hiver, où la condensation a été acceptable après 6 heures de course.
Crampons semi-auto: Il a été difficile de chausser des crampons Vasak (modèle 2012) sur la Triolet en pointure 46. Pour avoir un réglage bien ajusté, l'étrier arrière n'accepte pas sans effort le talon de la Triolet dans cette taille. Nous avons par la suite utilisé les crampons Grivel G12 qui se placent plus facilement sur une pointure 46.
Semelle de propreté: plutôt de bonne qualité avec une densité correcte et une couche en feutre. On la changera néanmoins avantageusement après la première saison d'utilisation, et pour gagner en thermicité à la mi-saison.
Thermicité: La résistance thermique a été jugée satisfaisantes. Ce n'est pas une chaussure thermiquement avancée mais elle permet de résister aux ambiances d'altitude. Le testeur n'a éprouvé aucune gêne ni sensation de froid durant les ascensions de sommets en mai et juin. Même dans les couloirs à l'ombre ou les chaussures ont été un peu resserrées pour une progression en pointes avant. Les conditions n'étaient pas vraiment froides, mais on a pu évaluer la Triolet avantageusement par rapport à d'autres modèles. Le testeur n'a pas eu de sensation de froid, alors que d'autres grimpeurs ont du faire quelques mouvements d'orteils pour regagner le confort.
En hivernale sur un sommet de 2900m par le versant nord, des grosses chaussettes et une bonne semelle ont été les bienvenues pour un confort correct, sans plus.
Technicité: C'est une bonne polyvalente qui a assez de rigidité pour les pentes raides. Elle est à l'aise sur le rocher grâce au grip de sa semelle et à la bonne précision du posé de pied. La forme asymétrique se fait vite oublier et on peut pousser assez loin dans les appuis en carres car ça tient bien. En mixte et en pente de neige, nous conseillons de resserrer un poil la prise de cheville. Là aussi la rigidité associée à une bonne paire de crampons permettra d'envoyer dans le raide sans trop se fatiguer les mollets. Attentions dans les zones froides, à l'ombre avec une chaussure serrée, on risque vite de se geler.
La Triolet est une bonne, voir très bonne polyvalente, mais ce n'est pas une "grosse à baston" avec la thermicité qui va avec...
Nous ne l'avons pas testée en cascade de glace. Bien que ce ne soit pas un modèle particulièrement adapté à cette discipline, sa rigidité assez conséquente sera encourageante. Sa limite sera la thermique, mais pour les moins frileux, avec une bonne semelle et une grosse paire de chaussettes, je pense que c'est jouable.
Prix constaté en février 2017: 269€
Bilan
La Triolet GTX, est toujours dans la même lignée que la Triolet Pro qui a fait ses preuves en tant que bonne polyvalente pour pieds larges. Confortable, avec une bonne semelle et assez rigide pour le raide, elle reprend à son compte les qualités du modèle précédent en gagnant quelques grammes, et avec un bloc semelle renouvelé qui devrait s'avérer plus performant dans la durée. Un peu plus de déroulé de cheville ajoutera encore au confort. Une semelle intérieure d'assez bonne qualité et un prix assez correct en font un modèle recommandable si on a le chaussant qui lui correspond.