On l'a vu, la plume et les fibres synthétiques qui remplissent les duvets de montagne ont chacun leurs avantages ;
- confort, compressibilité et légèreté pour la plume,
- résistance aux ambiances humides et coût moindre pour le synthétique.
Pour ceux qui randonnent en autonomie, ou pour qui le poids est un facteur à maîtriser en priorité, il est évident que l'intérêt va se porter sur les garnissages en plume. Parce qu'ils sont légers et prennent le minimum de place dans le sac à dos, les sacs en duvet sont, à preuve du contraire, destinés aux alpinistes, à tous ceux qui s'engagent dans des parcours exposés, dans des conditions rudes, et qui portent tout eux-mêmes. Mais ces duvets sont chers! deux fois plus chers que les sacs de couchage synthétique, si je peux me permettre de généraliser.
Alors, est-on obligé d'emmener 2 kg de fibres synthétiques si l'on ne peut s'offrir la compressibilité du duvet? Ou existe-t-il une solution budgétaire intermédiaire?
Un sac de couchage qui permet beaucoup de choses et qui demeure 100 à 150€ moins cher que les standards du duvet haut de gamme.
Quelle peut en être la raison? ... La nature du duvet. Il s'agit là de duvet de canard, moins cher que le duvet d'oie.
Je ne vais pas jouer au spécialiste de la fibre duveteuse, mais selon Valandré, un duvet de canard de qualité peut se révéler supérieur à des duvets d'oie de deuxième choix ou mal conditionnés. Ce n'est donc pas forcément un produit de deuxième classe, même si le gonflant (filling power) n'accèdera pas aux dimensions du duvet d'oie. Pour le duvet de canard Valandré, le filling power est de 650+ cu in (norme UE)
Voyons tout de suite si le duvet de Saturnin offre assez de qualités pour concurrencer le duvet d'oie qui se vend si cher...
Test "à la belle" en hiver 2011 sur les crêtes de Grisonnière (2010m)
Le Swing 900 c'est l'évolution du Classic 900, qui a été revu et corrigé pour obtenir une forme plus anatomique type Shocking Blue, plus large aux épaules, rétréci en en forme trapézoïdale aux pieds.
J'ai testé ce duvet en été dans le massif des écrins, sur le glacier noir par températures non significatives pour tester ses capacités (-0/-2°C).
Il a fallu cet hiver pour que je le mette à l'épreuve en alpinisme hivernal, dans des abris de pierres remplis de neige, des cabanes en plein vent et un bivouac sur une crête exposée plein nord à 2000 m d'altitude.
Très difficile à dire si le gonflant du canard est moins confortable que celui de l'oie grise (comme dans le Bloody Mary), sincèrement, lorsque l'on est dans le duvet, on retrouve cette douceur enveloppante et cette légèreté bienfaisante.
La nouvelle architecture du duvet permet d'avoir plus de place sur le haut du corps et un espace très calculé au niveau des pieds. Point important pour le haut du corps, cela permet d'envisager le rajout de quelques couches sans souffrir de compression. C'est la capacité d'une plus grande polyvalence et donc un plus au niveau du confort d'utilisation.
Cela permet aussi de dormir avec sa caméra, ses piles, voir son baudrier lorsque ça caille sévère.
De plus les réglages sont simples à manœuvrer et efficaces. Les cordons semis extensibles permettent de sortir plus facilement un bras pour attraper quelque chose, sans avoir à tout rerégler. Les nouveaux tissus japonais, sont très agréables et respirants. Vraiment ce n'est pas pour faire le pantin, mais c'est la qualité Valandré.
Test en cabane gelée
J'ai affronté des températures minimum de -5°C cet hiver. Avec en pointe une nuit en bivouac sans abri mais avec sursac où la température minimum n'a pas été mesurée, mais j'ai vu du -7°C à ma montre vers les 4hoo du matin avec des rafales de vent du nord assez impressionnantes par moments.
J'avais une première peau en laine Icebreaker 200 et une petite polaire Quechua que j'ai vite enlevée ... et vite remise à 4hoo du mat. Je n'ai jamais mis de bonnet dans ce duvet.
Si je dois faire une synthèse des capacités du Swing 900, je me sens en confiance jusqu'à -6/-8°C au plus froid, bien isolé du sol et vêtu. Le rajout de couche supplémentaire sur les jambes, d'une polaire conséquente, voir d'une doudoune devrait permettre d'aller vers les -10°C voir plus froid selon les constitutions.
Le swing 900 peut se jumeler, même avec un autre swing de taille différente.
Là c'est évidemment un peu moins bien que les duvets au FP de 800+, disons 200 à 300 g plus lourd à performance équivalente. Donc il faut plus de canard que d'oie pour arriver au mêmes performances... Et voilà! nous retombons sur nos pieds! on vient de comprendre ce que signifie le filling power... :-).
Ceci dit, le fait que la quantité de duvet soit supérieur: il y a 900g de duvet de canard contre 620g de duvet d'oie dans le bloody Mary et 564g dans le Lafayette a pour moi un coté rassurant. Il y a également peut être aussi une moindre propension à la compression dans le contact avec le matelas.
Bref, il pèse 1550g en grande taille avec le sac de compression, le site du fabricant indique 1377g pour 12 litres en compression (taille M?).
Je ne vois sincèrement pas de point négatif à relater.
Au demeurant un point neutre: le sac de compression. Sans être mal fichu, il ne me semble pas encore à la hauteur de la qualité générale des produits Valandré.
Prix constaté en fev 2011: de 280 à 290€
Bivouac hivernal dans un trou de neige à 2700m
Dans l'hypothèse d'un bivouac sérieux en ski de rando, au col de Riou Beyrou à 2700m début mars, je prête le swing à Gilles. Dans l’impossibilité de trouver la cabane des parisiens, totalement ensevelie, nous creusons durant 2 heures un trou dans la neige et nous le coiffons d'une toiture "mode igloo". L'ouverture un peu béante nous amène à des températures sérieuses (-8 relevée) mais nous sommes à l'abri du vent. Le Swing 900 est impeccable dans ce tempo. Avec deux couches dans le duvet et sur un matelas assez mince, Gilles n'a pas eu froid du tout. Au vue de l'ambiance extérieure et les conditions à cette altitude, le swing 900 confirme ses qualités. Un solide compagnon.