Le test
Présentation
J'ai testé la grande taille. C'est à dire 213 cm pour un utilisateur de 2 m maximum.
Dans cette grande taille, le duvet ne dépasse pas les 760g sur ma balance, inclus le sac de compression en nylon siliconé qui est loin d'être minimaliste avec ses larges sangles de compression. Whaou! c'est le plus léger et le moins encombrant que j'ai testé à ce jour!
Avec ses 312g (en grande taille) de duvet d'oie grise européenne 800cuin, et son traitement hydrophobe, il vient donc concurrencer le Mirage (Valandré) et le Panyam (Cumulus) déjà testés ici en conditions hivernales. Le Phantom est fabriqué au Vietnam. Le fabricant donne une température confort entre +3/-2°C.
Le Phantom n'a pas de collerette, je suis averti. Mais dès le premier contact il me motive avec ce poids light et son encombrement limité que favorise un sac de compression haut de gamme.
Tout d'abord ses dimensions compressées sont positivement impressionnantes (environ 5 litres). Cela me permet de prendre un sac à dos de 30 litres en bas duquel je le fixe à l'aide de sangles. C'est le seul sac de couchage qui rentre dans cette dimension (voir la photo tout en haut; le phantom est en gris sombre sous le sac à dos rouge).
Les Tests
Le sac de couchage Phantom32 a été testé durant l'hiver 2015/2016. Emmené facilement grâce à ses dimensions encourageantes, il m'a accompagné pour des randos de fin de saison lorsque la météo était clémente, puis pour de l'alpinisme hivernal.
Les bivouacs les plus significatifs ont eu lieu dans des constructions en dur, et sur de bons matelas, mais dans des conditions hivernales déjà sérieuses. D'autres nuits, en condition plus faciles ont été vécues sous tente ou avec un simple toit.
Test de thermicité à 3200m - Haute Ubaye - mars 2016 - Températures dans l'abri:-5 /-7°C
Thermicité
Voici, parmi les tests, les deux qui sont les plus significatifs:
Début décembre au Bivouac Barenghi à 2800m pour un premier test sur un matelas confortable mais froid. Nous sommes arrivés à la nuit, après une journée de 8 heures de petite baston dans des neiges très différentes, quelques pentes expos, et un long parcours avec un peu de cheminement; bref: biens crevés!
Les températures ont été légèrement négatives à l'intérieur de la construction. Je n'avais pas de thermomètre mais les indices étaient assez explicites: l'eau de ma gourde partiellement gelée dans mon sac à dos, gamelle gelée sur la table, petite congère dans l'abri, chaussures et lacets gelés au matin).
La nuit s'est très bien passée et le Phantom est tout à fait à la hauteur de ce genre de performance, j'ai dormi avec une première peau en synthétique et un collant plutôt léger en Polartec. Après une escale technique en cours de nuit à l'extérieur du bivouac, j'ai gardé ma mini doudoune par flemme et aussi par gourmandise calorique. J'ai alors bénéficié d'une chaleur supplémentaire me permettant d'ouvrir largement l'ouverture de la capuche pour favoriser un échange d'air entre l'intérieur et l'extérieur du duvet.
Mi-mars au bivouac Montaldo à 3200m après une montée de 1300m D+ en raquette dans de la neige transfo et parfois lourde. C'est le test le plus significatif, avec un thermomètre cette fois, au sommet du Massour à la frontière Italienne.
C'est Jean qui teste le Phantom 32 dans cet abri sommaire. Autant la journée a été chaude et ensoleillée, autant la nuit sera froide et venteuse. -5°C relevés au thermomètre en début de nuit et au réveil c'était du -7.
En collant, Jean a gardé une mini doudoune en duvet durant une petite heure puis l'a enlevé pour n'avoir qu'une première peau et un drap de soie dans le duvet. Au cours de la nuit il a utilisé une couverture. Le matelas présent dans le bivouac était correct.
Il dresse un bilan thermique satisfaisant de cette nuit pourtant plus froide que la température confort annoncée par le fabricant. Et pourtant, il a mal veillé à la position du rabat anti-froid sur le zip, et il a ressenti quelques frigories à ce niveau - une chose que j'avais bien vérifié auparavant et qui fonctionne correctement -. Il a aimé les réglages et n'a pas été perturbé par le manque de collerette. Au matin, il a noté une condensation importante sur le sac de couchage sans incidence sur l'intérieur.
Vêtue d'une première couche technique (D4) et d'un drap de soie, je note qu'il a utilisé une couverture pour ses jambes. On peut dire qu'il n'est pas frileux car tâter du -5 comme ça c'est déjà très bien, même avec la couverture!.
Bilan Thermicité
Le Phantom est un sac de couchage assez pointu qui peut assumer du 4 saisons si on sait l'utiliser. C'est un petit duvet qui demande des précautions pour les bivouacs d'altitude, même en été. Jusqu'à 0°/-2°C, un utilisateur relativement frileux comme moi devrait être tranquille avec une première peau technique à manches longues et un collant. Au delà, il faudra bien veiller à organiser l'ouverture du sac pour que l’absence de collerette ne soit pas pénalisante et bien rabattre la protection antifroid sur le zip.
Pour moi, des températures de -5°C sont gérables avec une double couche sur les jambes (deux collants ou un collant + un pantalon), et une mini doudoune en haut. Tout cela à condition d'une bonne isolation du sol. Les tests dont je parle ont été réalisés sur des matelas confortables et efficaces, même si ils étaient froids, ils étaient bien isolants.
Confort d'utilisation
Le Phantom 32 affiche une belle polyvalence puisqu'il permet du 4 saisons en abri. On l'utilisera donc toute l'année, même l'été en basse altitude car son zip descend jusqu'aux chevilles.
L'impression de confort général est grande grâce à la qualité du tissu intérieur, et une sensation de gonflant très agréable et apaisante.
Les réglages sont simplifiés à un tanka, puisqu'il n'y a pas de cordon de collerette. La capuche est munie d'un bourrelet intéressant (que l'on aperçoit sur la photo ci-contre) dont le haut est serré par une petite sangle et le bas par un cordon, ce qui permet en tâtonnant de dissocier les deux réglages qui vont dans le même tanka. Un ensemble à la fois simple à utiliser mais qui demande tout de même du savoir-faire en températures négatives.
L'ouverture devant la bouche se règle facilement mais il faut parfois un col ou un vêtement pour bloquer l'air intérieur (pas de collerette).
Le zip est correctement protégé par un rabat anti-froid (qu'il convient de placer correctement lors d'une nuit froide). Il y a une tirette pour faciliter la manipulation (très utile avec des gants) et le tissu autour du zip est protégé pour éviter les coincements et autres accrochages. Tout bon!!
Un sac de compression qualitatif. J'ai apprécié la qualité du sac de compression, idéalement dimensionné, même si, au matin, il faut un petit peu de persévérance pour y faire entrer le duvet. Mon expérience montre qu'à la longue le sac de couchage devient plus compressible, et entre plus gentiment, ce qui évite des tensions inutiles en début de journée...
La qualité du sac de compression permet également de forcer un peu sur les sangles sans trop réfléchir. Le résultat est très encourageant puisqu’on arrive à un volume de de 5 litres. Le duvet est, de plus, bien protégé par la solidité de son emballage et pourra s'adapter à diverses solutions de portage proposées par les sacs à dos.
Traitement Q-Shield du duvet, et traitement déperlant du Nylon: RAS
Pour les petits rangements, on trouvera deux poches (au niveau du cou à droite sur mon exemplaire). Une scratchée et une zippée.
Prix constaté en mars 2016: entre 280 et 310€
Des défauts? J'aurais peut être préféré une zone un peu plus dimensionnée pour les pieds, afin de favoriser leur réchauffement en bivouac hivernal, et pour une utilisation en chaussons de skis de rando. Sinon RAS. le Phantom est un sac de couchage très pointu, qui offre un rapport technicité/poids encombrement de haut niveau. Il reste à savoir l'utiliser en températures négatives, car il n'a pas de collerette.
Suivi des tests
Juillet 2016: Les dimensions et le poids de ce duvet m'incitent à la prendre pour une escapade en rando d'altitude en mode bivouac et avec un petit 3000 à ma clé. Je place mon matelas à 2400m avec le Phantom par dessus. Pour ce genre de bivouac "à la belle" un sursac est utile pour contrer la condensation de l'humidité qui tombe sur le duvet dès le coucher du soleil. Nuit un peu fraîche, due à l'altitude, mais en période estivale, le Phantom 32 est très largement à la hauteur.
Août 2016: idem mais à 2700m entre deux lacs et sous la tente cette fois. J'ai du mettre la tête dans la capuche en cours de nuit, sinon le duvet va bien pour cette altitude et dans ces conditions très estivales.
Août 2017: bivouac sous tente à 2600m près d'un lac, avec une caillante surprenante pour cet été caniculaire.
La température est passée dans le négatif à l'intérieur de la tente. Et malgré un matelas correct, sans plus, j'ai été obligé d'enfiler ma mini doudoune dans le Phantom pour avoir juste assez chaud pour terminer la nuit avant une rude journée le lendemain...